Gaetano Donizetti signe l’un de ses opéras les plus aimés, et nous amuse. Le réjouissant quatuor de personnages vient tout droit de la commedia dell’arte : le vieux barbon Don Pasquale épouse l’espiègle Norina, qui a des vues sur Ernesto, son amoureux transi ; l’occasion rêvée pour une belle sérénade. C’est l’habile docteur Malatesta qui reprend le flambeau d’Arlequin ; son plan fonctionne et l’agnelle se métamorphose en dragon. Et voilà une gifle qui a frappé autant le vieux mari que les esprits de l’époque !
Cette folle comédie n’est pas dénuée d’émotions et on finit par être touché par un Don Pasquale berné et dépassé par le monde moderne, et somme toute très humain. La caricature glisse vers la satire sociale. Après deux siècles d’Opéra bouffe, en voici l’apogée en 1843, mais un souffle de modernité complexifie ses contours, et Donizetti fait de ses personnages ses contemporains, pour que son public s’identifie à eux.
Le metteur en scène Tim Sheader nous tend aussi un miroir, avec sa vision très divertissante inspirée de nos séries télévisées du moment, le rôle-titre succombe aux sirènes du jeunisme, en grand patron de l’entreprise qui porte son nom. Cela fait plus de vingt ans que Don Pasquale n’a pas été donné à l’Opéra de Lausanne, qui accueille pour la première fois le chef spécialiste de ce répertoire Giuseppe Grazioli.
Première représentation le 3 janvier 1843 au Théâtre-Italien, Paris
Éditions Luck’s Music Library
Joel Prieto étudie à la Manhattan School of Music, à l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Paris puis dans le cadre du Projet pour jeunes chanteurs du Festival de Salzbourg. Son expérience au sein de l’ensemble du Deutsche Oper Berlin et sa participation à la zarzuela Luisa Fernanda aux côtés de Plácido Domingo, au Theater an der Wien, le propulsent sur la scène internationale. Il chante sous la direction de Fabio Luisi, Roberto Abbado, Zubin Mehta, Adam Fischer et travaille avec les metteurs en scène David McVicar, Robert Carsen ou Claus Guth. Lauréat du premier prix au concours Operalia, il se produit en concert et en récital au Festival de Salzbourg, à la Maestranza de Séville ou au Wigmore Hall. Il a notamment chanté auprès d’Anna Netrebko et Erwin Schott lors d’un concert de bienfaisance en faveur du Pakistan.
Dernièrement, il a chanté le rôle-titre dans Béatrice et Bénédict de Berlioz au Capitole de Toulouse et Belmonte dans Die Entführung aus dem Serail pour ses débuts au Los Angeles Opera.
La mezzo-soprano Julia Deit-Ferrand se forme à la Haute école de musique de Lausanne, où elle est titulaire d’un master de soliste obtenu auprès de Jeanne-Michèle Charbonnet et d’un master en interprétation auprès d’Hiroko Kawamichi. Sur scène, elle interprète au Grand Théâtre de Genève le rôle-titre de La Cenerentola dans une adaptation française, la Mezzo dans Der goldene Drache de Péter Eötvös, Bianca dans la création jeune public Rosa Bianca sur une musique de Donizetti. Elle incarne Cherubino (Le nozze di Figaro) sous le direction de Leonardo García Alarcón et, au Nouvel Opéra Fribourg, Berta (Il barbiere di Siviglia), Le Nain Chouquette et Un Animal (Blanche-Neige de Marius-Felix Lange), ainsi que Chérubin (Sholololo !). Dans le répertoire de la comédie musicale, elle incarne Sally Bowles dans Cabaret, Fantine dans Les Misérables et Hattie dans Kiss Me, Kate. Elle met la création contemporaine et les formes artistiques performatives au centre de sa recherche, et pratique le sassy, un style né des danses urbaines auprès de la chorégraphe lausannoise Daya Jones. Elle créée Laissez durer la nuit, un projet autour de chants traditionnels turcs et grecs et de pièces baroques. Elle se produit à L’Arsenic de Lausanne dans la performance L’Apocalypse de Louis Bonard, sur une musique de Nicholas Stücklin. Elle remporte le prix jeune public et le prix de la meilleure interprétation contemporaine au concours Kat- tenburg et est lauréate de la Fondation Fritz Bach. Elle obtient le 3e prix au Concours international Léopold Bellan à Paris et est finaliste en Suisse du concours Voix Nouvelles en 2018. Elle est diplômée d’un master en sociologie à l’Université Sorbonne Nouvelle (Paris III). Cette saison, elle vient de faire ses débuts à l’Opéra du Rhin dans Don Giovanni’s Inferno de Simon Steen- Andersen (création mondiale), dans le cadre du festival Musica, et à l’Opéra d’Avignon dans Die Zauberflöte (Papagena). En projet : le rôle-titre de Lotario de Haendel, Cherubino et un premier rôle dans une création mondiale.
À l’Opéra de Lausanne : Le Domino noir (2023)
Le Chœur de l’Opéra de Lausanne est un chœur jeune, constitué d’étudiants en classes de chant de la Haute école de musique de Lausanne et de la Haute école de musique de Genève d’une part, et de chanteurs professionnels, d’autre part. Ses membres sont choisis sur audition et périodiquement réentendus. Ils sont distribués pour chaque opéra en fonction de leur voix et/ou de leurs aptitudes. Grâce à leur talent scénique, notamment, soutenu par un enthousiasme communicatif, ils sont fortement appréciés de tous les metteurs en scène invités. Il bénéficie depuis quelques années d’une préparation par plusieurs chefs de chœur expérimentés venant d’horizons différents, sélectionnés en fonction des ouvrages interprétés et de leur spécificité.