Empereurs corrompus, paysans vertueux, passions héroïques et retournements surprenants rappellent des événements historiques de l’Empire byzantin. Le livret fut écrit en 1683, année marquée par le siège ottoman de Vienne. Vivaldi connaissait probablement ce pan de l’histoire, qui évoque la défense du Saint-Empire ainsi que la vie de Justinien et Théodora – le couple impérial le plus fameux de l’époque byzantine. Peut-être avait-il aussi apprécié de savoir que le prédécesseur de Justinien, empereur d’origine modeste, avait autorisé le mariage de personnages de haut rang avec les femmes chargées de les divertir… Ainsi Justinien put-il épouser Théodora, actrice et courtisane. Que signifiait pour le compositeur la mise en musique de ce livret déjà fort ancien, lorsqu’il quitta sa Venise natale pour faire fortune à Rome ? Vivaldi entend prouver la notoriété de sa musique, et même si son séjour romain n’eut pas de répercussions sur sa carrière, Il Giustino reste un hommage à son œuvre antérieur et une déclaration de sa foi en l’avenir. Privé de la présence du fameux castrat Farinelli, cet opéra remporta néanmoins un succès fulgurant. Ce témoignage exemplaire du sens dramaturgique du compositeur bénéficie de la brillante reprise d’Ottavio Dantone et de l’Accademia Bizantina.
Il Giustino, RV 717
Dramma per musica en 3 actes
Livret de Pariati d’après Nicolò Beregan
Créé durant le carnaval de 1724 au Teatro Capranica, Rome
Edizione di Reinhard Strohm Edizione critica dell’Istituto Italiano A. Vivaldi della Fondazione G. Cini di Venezia e Casa Ricordi, Milano
Delphine Galou étudie le piano et le chant tout en menant des études de philosophie à la Sorbonne. Nommée Révélation classique de l’ADAMI en 2004, elle est reçue aux Jeunes Voix du Rhin et se spécialise ensuite dans le répertoire baroque. Elle collabore avec les ensembles Balthasar Neumann, I Barocchisti, Accademia Bizantina, Collegium 1704, Venice Baroque Orchestra, Il Complesso Barocco, Les Siècles, Les Arts Florissants, Le Concert des Nations, l’Ensemble Matheus, Les Musiciens du Louvre, Le Concert d’Astrée, Les Ambassadeurs et Les Talens Lyriques. Elle s’est notamment produite à l’Opéra de Zurich, au Théâtre des Champs-Elysées, à la Monnaie, à l’Opéra d’Amsterdam, au Royal Opera House, au Festival Haendel de Karlsruhe, au Festival de Schwetzingen, au Staatsoper Berlin, au Theater an der Wien, au Maggio Musicale, au Lincoln Center et au Carnegie Hall. Sa discographie comprend Vespro per la festività dell’Assunta sous la direction de Martin Gester, Teuzzone avec Jordi Savall, Orlando 1714 avec Federico Maria Sardelli, La concordia dei pianeti avec Andrea Marcon ainsi que L’incoronazione di Dario, Il Giustino et la Petite messe solennellede Rossini avec Ottavio Dantone.
À l’Opéra de Lausanne : Bradamante dans Alcina (2012), Speranza / Proserpina dans L’Orfeo (2016).
Ottavio Dantone obtient ses diplômes d’orgue et de clavecin au Conservatoire Giuseppe Verdi de Milan. En 1985, il est récompensé par le prix de basse continue du Concours international de Paris et remporte en 1986 le troisième prix au prestigieux Concours international de Bruges. Depuis 1996, il est directeur artistique et chef de l’orchestre baroque Accademia Bizantina, avec lequel il effectue de fréquentes tournées et réalise de nombreux enregistrements. Au cours des vingt dernières années, Ottavio Dantone, en tant que soliste aussi bien que chef d’orchestre, a élargi son répertoire aux périodes classique et romantique. Il se produit dans des festivals et sur des scènes internationales tels que la Scala de Milan, le Festival de Glyndebourne, Teatro Real de Madrid, Opéra royal de Versailles, Opéra de Zurich et BBC Proms. Il réalise des enregistrements avec Decca, Deutsche Grammophon, Naïve et Harmonia Mundi qui lui valent de nombreuses récompenses internationales et sont unanimement salués par la critique.
À l’Opéra de Lausanne : Giulio Cesare in Egitto (2008), L’Italiana in Algeri (2010), Alcina (2012), Tancredi (2015), L’Orfeo (2016).
L’Accademia Bizantina est née à Ravenne en 1983, avec pour intention de faire de la musique « à la manière d’un grand quatuor à cordes ». Aujourd’hui comme alors, avec la même approche chambriste, la formation est entièrement gérée par ses propres membres qui, ensemble, établissent ses objectifs et la ligne artistique. En 1989, Ottavio Dantone rejoint le groupe en tant que claveciniste avant d’être nommé directeur musical et artistique en 1996, afin de garantir le prestige et la qualité artistique de l’ensemble. Sous sa direction experte, l’Accademia Bizantina concilie la recherche philologique et l’étude de la pratique d’exécution sur instruments d’époque avec une lecture attentive et respectueuse de la partition. La connaissance, l’imagination et le raffinement de la direction de Dantone ont permis de fédérer l’enthousiasme de chacun des musiciens, faisant de l’ensemble l’un des plus prestigieux de la scène musicale actuelle. L’orchestre s’est ensuite spécialisé dans la redécouverte d’opéras baroques, qu’il s’agisse d’oeuvres majeures ou d’opéras qui n’avaient pas été interprétés depuis plusieurs siècles. L’ensemble se produit dans les salles de concert et les festivals du monde entier. Leurs nombreux enregistrements, notamment pour Decca, Harmonia Mundi et Naïve, ont remporté des prix très prestigieux tels que des Diapasons d’Or, Midem ou encore une nomination aux Grammy Awards pour O Solitude avec Andreas Scholl. La collaboration de l’ensemble, avec des artistes aussi éminents que les violonistes Viktoria Mullova et Giuliano Carmignola ainsi qu’avec le contreténor Andreas Scholl, s’est notamment épanouie par de vastes tournées internationales et de grands projets discographiques. En septembre 2018, le disque Agitata avec Delphine Galou a obtenu le Gramophone Award du meilleur récital.
Née à Rome, Arianna Vendittelli est diplômée du Conservatorio Antonio Buzzolla d’Adria. Elle a fait ses débuts au Festival de Salzbourg dans le rôle de Carmi (La Betulia liberata de Mozart), sous la direction de Riccardo Muti. Particulière- ment attachée au répertoire mozartien, elle est Zerlina (Don Giovanni) au Festival de Spoleto et Donna Elvira à Beaune et à Brême sous la direction de Jérémie Rhorer. Dans Così fan tutte, elle chante Fiordiligi dans plusieurs théâtres ita- liens, et Despina au Teatro Regio de Turin. Elle est acclamée pour ses interprétations de Rossini dans le rôle-titre d’Ermione et en Amaltea (Mosè in Egitto) au San Carlo de Naples. Reconnue pour son travail dans le répertoire baroque, Arianna Vendittelli a notamment campé Salomé dans le San Giovanni Battista de Stradella avec Vacláv Luks. Elle a chanté Semele de Hasse au Theater an der Wien, Minerva (Il ritorno d’Ulisse in patria) dans une production Ottavio Dantone/Robert Carsen à Florence. Elle a donné vie à Amantio (Il Giustino de Vivaldi) dirigé par Ottavio Dantone et à L’Ange (La conversione di San Guglielmo d’Aquitania de Per- golesi) avec Les Talens Lyriques et Christophe Rousset. Son album solo consacré aux cantates pour soprano de Vivaldi et publié dans l’édition Naïve Vivaldi, a été désigné par le New York Times parmi les « cinq albums de musique classique à écouter en ce moment ». Ses récents et futurs engagements incluent le rôle de Giovanna (Anna Bolena) dans une nouvelle production de Diego Fasolis/Carmelo Rifici à Lugano, Reggio Emilia, Modène, Piacenza, Donna Elvira (Don Giovanni) à l’Opéra Royal de Versailles et Angelica (Orlando furioso de Vivaldi) à Ferrare et à Modène.
À l’Opéra de Lausanne : Il Giustino (2019) et Le nozze di Figaro (2021)