Lorsqu’il crée L’Île de Tulipatan le 30 septembre 1868 sur «sa» scène des Bouffes-Parisiens, Jacques Offenbach est à la fois au sommet de sa gloire et de son art. Les années qui précèdent l’embrasement franco-prussien sont pour lui un véritable feu d’artifice créatif: galvanisé par le triomphe de La Grande-Duchesse de Gerolstein – dont le librettiste Jacques Halévy résume avec humour le parfait timing: «Bismarck aide à doubler nos recettes, cette fois c’est la guerre à laquelle on rit, et la guerre est à nos portes» –, il enchaîne les succès, avec Robinson Crusoé, Geneviève de Brabant, Le Château à Toto, La Périchole… L’Île de Tulipatan annonce la couleur (burlesque) dès le générique: ses deux personnages centraux ne portent-ils pas les noms fleuris d’Octogène Romboïdal, grand sénéchal, et Cacatois XXII, duc et chef suprême de l’île? Après, comme souvent chez Offenbach, le rire (de surface) n’est pas exempt d’une certaine profondeur – ici la question de l’orientation sexuelle au seuil de l’âge adulte, incarnée par le caractère «garçon manqué» d’Hermosa, la fille du grand sénéchal, et par le comportement au contraire délicat et gracieux du prince Alexis, fils du duc, incitant certains commentateurs à considérer l’œuvre comme la première opérette… homosexuelle de l’histoire!
Éditions Boosey & Hawks
Originaire de Marseille, Gilles Rico étudie la musique et la philosophie avant de faire un doctorat en philosophie médiévale à l’Université d’Oxford. Parallèlement à sa carrière universitaire, il se tourne vers la mise en scène d’opéra en travaillant d’abord comme assistant pour différentes maisons d’opéras et festivals européens. Il collabore notamment avec des metteurs en scène comme Patrice Caurier et Moshe Leiser, Joël Pommerat, Tom Cairns, Dmitri Tcherniakov, Jérôme Deschamps, Andreas Homoki, David McVicar, Damiano Michieletto, Robert Carsen, James Gray et Katie Mitchell. En 2016, Gilles Rico signe la mise en scène de la création mondiale de Maria Republica de François Paris à Angers-Nantes Opéra, spectacle qui reçoit le Prix de la Critique 2016. Il met également en scène Un dîner avec Jacques, spectacle autour d’Offenbach produit par l’Opéra-Comique et le Musée d’Orsay puis repris en tournée en France. Il signe la mise en scène de l’opéra participatif Tistou les pouces verts de Henri Sauguet à l’Opéra de Rouen puis met en espace de L’Enlèvement au Sérail de Mozart à la Philharmonie de Paris. Récemment, il met en scène Cendrillon de Pauline Viardot à l’Opéra de Lausanne et l’opéra participatif Les petites Noces d’après Mozart à l’Opéra de Rouen, au Théâtre des Champs Elysées et en tournée en France. En tant que librettiste, Gilles Rico écrit le livret de La Princesse Légère de Violetta Cruz, une commande de l’Opéra Comique et de l’Opéra de Lille et le livret de l’opéra de chambre Les rois mages de Fabian Panisello dont il crée également la mise en scène à Madrid et Nice. Parmi ses projets figurent, la reprise des Rois mages à l’expo de Dubaï, la mise en scène de L’Auberge du Cheval Blanc de Benatzsky à l’Opéra de Lausanne, la création mondiale de Hémon de Zad Moultaka à l’Opéra du Rhin à Strasbourg et la mise en espace de Don Giovanni à la Mozartwoche à Salzbourg.
À l’Opéra de Lausanne: Cendrillon de Pauline Viardot (2018) et la reprise de la mise en scène des Nozze di Figaro (2021).