Dans cette pièce autobiographique, Maurice Béjart ne reprend pas l’argument de Marius Petipa, dont le ballet avait été créé à Saint-Pétersbourg en 1892. Seule la partition de Piotr Ilitch Tchaïkovski demeure dans son intégralité. « Mais une musique amène avec elle un monde qu’on ne peut pas changer », notait alors le fondateur du BBL.
Casse-Noisette de Maurice Béjart évoque l’enfance du chorégraphe, les fêtes de Noël passées en famille avant que sa mère ne meure alors qu’il n’avait que 7 ans, sa proximité avec l’univers et la magie de Fellini, ainsi que ses héros mythiques : Félix le Chat, Méphisto et Marius Petipa qu’il imagine descendant à petits pas la Canebière…
Ce ballet a été présenté pour la première fois le 4 octobre 1998, à Turin. Il sera à nouveau sur scène le 15 février 2020 sous la direction de Gil Roman, actuel Directeur Artistique, et plongera les spectateurs dans un monde féérique, issu des souvenirs du chorégraphe, où l’émotion et l’imaginaire seront l’unique réalité.
Des Ballets de l’Étoile à Paris en 1955 à la création du Béjart Ballet Lausanne en 1987, le chorégraphe a marqué à jamais le monde de la danse.
Maurice Béjart naît à Marseille le 1er janvier 1927. Il commence sa carrière de danseur à Vichy en 1946, la poursuit auprès de Janine Charrat, de Roland Petit et surtout, à Londres, au sein de l’International Ballet. À l’occasion d’une tournée en Suède avec le Ballet Cullberg (1949), il découvre les ressources de l’expressionnisme chorégraphique. Un contrat pour un film suédois le confronte une première fois à Stravinsky, mais, de retour à Paris, il se fait la main sur des pièces de Chopin sous l’égide du critique Jean Laurent. Le danseur se double dès lors d’un chorégraphe. En 1955, à l’enseigne des Ballets de l’Étoile, il sort des sentiers battus avec Symphonie pour un homme seul. Remarqué par Maurice Huisman, nouveau directeur du Théâtre Royal de la Monnaie, il règle un triomphal Sacre du Printemps quatre ans plus tard. L’année suivante, le chorégraphe crée, à Bruxelles, le Ballet du XXe Siècle, une compagnie internationale à la tête de laquelle il sillonne le monde entier, tandis que la liste de ses créations s’allonge : Boléro, Messe pour le temps présent et L’Oiseau de Feu. En 1987, le Ballet du XXe Siècle s’installe dans la capitale olympique et devient le Béjart Ballet Lausanne. En 1992, Maurice Béjart décide de réduire la taille de sa compagnie à une trentaine de danseurs pour « retrouver l’essence de l’interprète » et fonde, la même année, l’École-Atelier Rudra Béjart Lausanne. Parmi les nombreux ballets créés pour le BBL, citons Le Mandarin merveilleux, King Lear – Prospero, À propos de Shéhérazade, Lumière, MutationX, La Route de la soie, Le Manteau, Enfant-Roi, La Lumière des eaux et Le Presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat. Metteur en scène de théâtre (La Reine verte, Casta Diva, Cinq Nô modernes, A-6-Roc), d’opéra (Salomé, La Traviata et Don Giovanni), réalisateur de cinéma (Bhakti, Paradoxe sur le comédien…), Maurice Béjart a également publié plusieurs livres (roman, souvenirs, journal intime, pièce de théâtre). En 2007, à l’aube de ses 80 printemps, il donne naissance à La vie du danseur racontée par Zig et Puce. Alors qu’il crée ce qui sera sa dernière œuvre, Le Tour du monde en 80 minutes, Maurice Béjart s’éteint à Lausanne le 22 novembre 2007.
Pendant près de trente ans, le danseur a interprété les plus célèbres ballets de Maurice Béjart avant de créer à son tour et de lui succéder. Formé par Marika Besobrasova, Rosella Hightower et José Ferran, Gil Roman a rejoint en 1979 le Ballet du XXe Siècle de Maurice Béjart. Pendant près de trente ans, il interprète les plus célèbres ballets du chorégraphe. En 2007, Maurice Béjart le désigne comme son successeur à la tête du Béjart Ballet Lausanne.
Depuis 1995, son parcours chorégraphique est riche de créations : L’habit ne fait pas le moine, Réflexion sur Béla,Échographie d’une baleine, Casino des Esprits, Aria, Syncope, Là où sont les oiseaux (présentée en première mondiale au China Shanghai International Arts Festival en 2011) et Anima blues. Depuis cette dernière œuvre en 2013, six créations ont rejoint le répertoire : 3 Danses pour Tony, Kyôdaï, Tombées de la dernière pluie, Impromptu…, t ‘M et variations…, présentée le 16 décembre 2016, en inauguration de l’année 2017, marquant les 30 ans du BBL et les 10 ans de la disparition de Maurice Béjart. En avril 2019 à l’Opéra de Lausanne, il présente sa dernière création Tous les hommes presque toujours s’imaginent entièrement chorégraphiée sur la musique de John Zorn.
La carrière de Gil Roman représente plus de quarante ans de danse ininterrompue. Elle a été couronnée en 2005 par le Danza & Danza Award du meilleur danseur pour son interprétation de Jacques Brel dans le ballet Brel et Barbara, puis, en 2006, par le prestigieux Nijinsky Award décerné par le Monaco Dance Forum.
En 2014, la Fondation vaudoise pour la culture lui a remis son Prix du rayonnement. En novembre de la même année, lors de la tournée asiatique de La IXe Symphonie, il s’est vu remettre le prix spécial du Festival des arts de Shanghai. L’année suivante, au KKL de Lucerne, il a reçu le Prix Maya Plisetskaya 2015 lors d’une soirée en hommage à la grande danseuse disparue cette année-là. Son Excellence M. René Roudaut, ambassadeur de France en Suisse, lui a décerné, le vendredi 29 mai 2015 à Lausanne, les insignes de chevalier dans l’Ordre national du Mérite, l’une des décorations françaises les plus prestigieuses. Quatre ans plus tard, le Conseil d’État du canton de Vaud lui a remis le Mérite cantonal pour sa « contribution remarquable à la chorégraphie et à la danse ».