REPORTÉ
Suite aux dernières directives de la Confédération, la Direction de l’Opéra de Lausanne se voit malheureusement contrainte d’annuler les représentations du Béjart Ballet Lausanne les 27, 28 et 29 novembre 2020, qui seront reportées à une date à définir. Plus d’informations sur le remboursement des billets ici.
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La collaboration artistique, l’amitié sincère et profonde entre Maurice Béjart et Pierre Henry, l’inventeur de la musique concrète avec son complice Pierre Schaeffer, ont marqué l’Histoire. On songe évidemment à Symphonie pour un homme seul l’œuvre fondatrice du style béjartien, proposée par le BBL en clôture de ce nouveau programme.
IMPROVISATIONS
En ouverture de soirée, le BBL cherche sa résonnance en s’appuyant sur la structure dramatique du ballet Variations pour une porte et un soupir créé à Bruxelles en 1965 sur la musique de Pierre Henry. Mais la partition est ici confiée au groupe Citypercussion : l’originale n’est plus que l’écho de quelques sons, de bruitages intégrés, mixés dans seize nouvelles compositions jouées sur scène.
LA PORTE
Recherche toujours mais sur la forme avec la deuxième pièce au programme de la soirée. En 1970, pour le lancement de la saison de la Brooklyn Academy à New York, Maurice Béjart fait sensation en présentant La porte : un solo sur pointe réglé pour Maïna Gielgud sur la musique de quatre des Variations pour une porte et un soupir. Ici, Gil Roman questionne l’identité en confiant, pour la première fois, le rôle à un danseur.
SYMPHONIE POUR UN HOMME SEUL
Retour à l’origine en clôture de programme avec Symphonie pour un homme seul, seize ans après sa dernière représentation au Théâtre Métropole à Lausanne. Créé à Paris devant un public clairsemé le 26 juillet 1955, ce ballet révèle alors un chorégraphe dont la personnalité singulière, le talent, va révolutionner l’art du ballet. Née d’une rencontre impromptue entre le chorégraphe et les deux Pierre, cette première autobiographie d’un jeune chorégraphe laissant libre cours à ses aspirations, l’œuvre insolite le révèle au monde.
Jean Ellgass, Directeur exécutif du Béjart Ballet Lausanne
Improvisations
À partir de la structure dramatique conçue par Maurice Béjart
pour Variations pour une porte et un soupir
Mise en scène Gil Roman
Musique Thierry Hochstätter
jB Meier (Citypercussion)
Extraits sonores Pierre Henry
Réalisation costumes Henri Davila
Lumière Dominique Roman
Première
Opéra de Lausanne – 27 novembre 2020
La porte
Chorégraphie Maurice Béjart
Musique Pierre Henry
Réalisation costumes Henri Davila
Réalisation lumière Dominique Roman
Rôle à la création Maïna Gielgud
Première
Brooklyn Academy, New-York – 1970
Symphonie pour un homme seul
Chorégraphie Maurice Béjart
Musique Pierre Henry, Pierre Schaeffer
Réalisation costumes Henri Davila
Réalisation lumière Dominique Roman
Première
Théâtre de l’Étoile, Paris – 26 juillet 1955
Des Ballets de l’Étoile à Paris en 1955 à la création du Béjart Ballet Lausanne en 1987, le chorégraphe a marqué à jamais le monde de la danse.
Maurice Béjart naît à Marseille le 1er janvier 1927. Il commence sa carrière de danseur à Vichy en 1946, la poursuit auprès de Janine Charrat, de Roland Petit et surtout, à Londres, au sein de l’International Ballet. À l’occasion d’une tournée en Suède avec le Ballet Cullberg (1949), il découvre les ressources de l’expressionnisme chorégraphique. Un contrat pour un film suédois le confronte une première fois à Stravinsky, mais, de retour à Paris, il se fait la main sur des pièces de Chopin sous l’égide du critique Jean Laurent. Le danseur se double dès lors d’un chorégraphe. En 1955, à l’enseigne des Ballets de l’Étoile, il sort des sentiers battus avec Symphonie pour un homme seul. Remarqué par Maurice Huisman, nouveau directeur du Théâtre Royal de la Monnaie, il règle un triomphal Sacre du Printemps quatre ans plus tard. L’année suivante, le chorégraphe crée, à Bruxelles, le Ballet du XXe Siècle, une compagnie internationale à la tête de laquelle il sillonne le monde entier, tandis que la liste de ses créations s’allonge : Boléro, Messe pour le temps présent et L’Oiseau de Feu. En 1987, le Ballet du XXe Siècle s’installe dans la capitale olympique et devient le Béjart Ballet Lausanne. En 1992, Maurice Béjart décide de réduire la taille de sa compagnie à une trentaine de danseurs pour « retrouver l’essence de l’interprète » et fonde, la même année, l’École-Atelier Rudra Béjart Lausanne. Parmi les nombreux ballets créés pour le BBL, citons Le Mandarin merveilleux, King Lear – Prospero, À propos de Shéhérazade, Lumière, MutationX, La Route de la soie, Le Manteau, Enfant-Roi, La Lumière des eaux et Le Presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat. Metteur en scène de théâtre (La Reine verte, Casta Diva, Cinq Nô modernes, A-6-Roc), d’opéra (Salomé, La Traviata et Don Giovanni), réalisateur de cinéma (Bhakti, Paradoxe sur le comédien…), Maurice Béjart a également publié plusieurs livres (roman, souvenirs, journal intime, pièce de théâtre). En 2007, à l’aube de ses 80 printemps, il donne naissance à La vie du danseur racontée par Zig et Puce. Alors qu’il crée ce qui sera sa dernière œuvre, Le Tour du monde en 80 minutes, Maurice Béjart s’éteint à Lausanne le 22 novembre 2007.
Pierre Henry est né le 9 décembre 1927 à Paris, il étudie la musique dès l’âge de 7 ans. En 1944, guidé par Olivier Messiaen, il compose et pense à la musique du futur. Sa rencontre avec Pierre Schaeffer est déterminante pour sa création. Inventeur de procédés techniques de composition maintenant largement standardisés, il n’a cessé de donner à cette musique un souffle et une ambition qu’on ne lui soupçonnait pas au départ, en construisant un ensemble colossal et varié d’œuvres qui continuent de toucher tous les publics et toutes les générations. Il a également créé un « son » aussi personnel et reconnaissable que ceux des plus fameux musiciens de jazz, et imposé un univers d’une ampleur cosmique, un véritable monde où l’archaïque et le mythique côtoient le familier, et qui chante les émerveillements, les espoirs et les hantises de notre époque.
Pendant près de trente ans, le danseur a interprété les plus célèbres ballets de Maurice Béjart avant de créer à son tour et de lui succéder. Formé par Marika Besobrasova, Rosella Hightower et José Ferran, Gil Roman a rejoint en 1979 le Ballet du XXe Siècle de Maurice Béjart. Pendant près de trente ans, il interprète les plus célèbres ballets du chorégraphe. En 2007, Maurice Béjart le désigne comme son successeur à la tête du Béjart Ballet Lausanne.
Depuis 1995, son parcours chorégraphique est riche de créations : L’habit ne fait pas le moine, Réflexion sur Béla,Échographie d’une baleine, Casino des Esprits, Aria, Syncope, Là où sont les oiseaux (présentée en première mondiale au China Shanghai International Arts Festival en 2011) et Anima blues. Depuis cette dernière œuvre en 2013, six créations ont rejoint le répertoire : 3 Danses pour Tony, Kyôdaï, Tombées de la dernière pluie, Impromptu…, t ‘M et variations…, présentée le 16 décembre 2016, en inauguration de l’année 2017, marquant les 30 ans du BBL et les 10 ans de la disparition de Maurice Béjart. En avril 2019 à l’Opéra de Lausanne, il présente sa dernière création Tous les hommes presque toujours s’imaginent entièrement chorégraphiée sur la musique de John Zorn.
La carrière de Gil Roman représente plus de quarante ans de danse ininterrompue. Elle a été couronnée en 2005 par le Danza & Danza Award du meilleur danseur pour son interprétation de Jacques Brel dans le ballet Brel et Barbara, puis, en 2006, par le prestigieux Nijinsky Award décerné par le Monaco Dance Forum.
En 2014, la Fondation vaudoise pour la culture lui a remis son Prix du rayonnement. En novembre de la même année, lors de la tournée asiatique de La IXe Symphonie, il s’est vu remettre le prix spécial du Festival des arts de Shanghai. L’année suivante, au KKL de Lucerne, il a reçu le Prix Maya Plisetskaya 2015 lors d’une soirée en hommage à la grande danseuse disparue cette année-là. Son Excellence M. René Roudaut, ambassadeur de France en Suisse, lui a décerné, le vendredi 29 mai 2015 à Lausanne, les insignes de chevalier dans l’Ordre national du Mérite, l’une des décorations françaises les plus prestigieuses. Quatre ans plus tard, le Conseil d’État du canton de Vaud lui a remis le Mérite cantonal pour sa « contribution remarquable à la chorégraphie et à la danse ».