Avant d‘être le grand triomphateur que l‘on connaît de l‘opéra italien en Angleterre, Hændel passe plusieurs années sous le soleil de la péninsule, où il s‘imprègne de l‘art des maîtres transalpins et donne vie à plusieurs fresques sacrées – l‘opéra étant alors interdit dans la Ville éternelle. Son talent est tel que les éminences ecclésiastiques ferment volontiers les yeux sur les origines luthériennes du jeune Allemand du Nord. C‘est le cas notamment du cardinal Benedetto Pamphili, poète à ses heures, qui lui offre en 1707 le livret d‘Il Trionfo del Tempo e del Disinganno [Le Triomphe du Temps et de la Désillusion]. Premier oratorio romain à couler sous la plume de Hændel, il est créé dans le palais du cardinal Pietro Ottoboni, futur pape Alexandre VIII, et donne à entendre – presque à voir – les échanges passionnés entre quatre figures allégoriques. Celles-ci débattent de l‘attitude à adopter par la Beauté, qui oscille entre les avances «charnelles» du Plaisir et les mises en garde moralisatrices du Temps et de la Désillusion, ces derniers mettant en avant les mérites de la beauté de l‘âme pour qui choisit une vie d‘ascèse. Dans le sillage de leurs présentations pionnières sur la scène de la Scala, Diego Fasolis et ses Barocchisti nous présentent ici une lecture « originale » de ce chef-d‘œuvre plusieurs fois remanié par Hændel, mettant en valeur les registres masculins aigus que le chœur a la chance de posséder, dès lors qu‘à l‘époque les voix de femmes n‘étaient pas autorisées à résonner dans l‘enceinte des églises romaines.
Né à Vérone, le contre-ténor et sopraniste Federico Fiorio s’est formé auprès de Lia Serafini et Patrizia Vaccari et est sorti avec les honneurs de ses études au sein des Conservatoires F. A. Bonporti et Arrigo Boito de Parme. Il a suivi les cours de maître donnés par Roberta Invernizzi dans le cadre de l’Académie internationale d’orgue et de musique ancienne Giuseppe Gherardeschi de Pistoia. Il a découvert le chant au sein d’un chœur d’enfants à Vérone et a conservé depuis sa voix de soprano, sortant en 2013 avec la harpiste Marina Bonetti un album intitulé «Come voce antica risuonano fili di luce». Il fait ses débuts de sopraniste à l’âge de seize ans, sur la scène du Teatro Ristori de Vérone, suivis d’invitations comme Erster Knabe de la Zauberflöte au Teatro Filarmonico de Vérone et au Teatro Verdi de Padoue. Les rôles ensuite s’enchaînent, avec des invitations au Teatro San Carlo de Naples, à l’Auditorium de Barcelone (au sein de la Jove Capella Reial de Catalunya à l’invitation de Jordi Savall), au Teatro Massimo de Palerme et au Teatro Verdi de Pise. Il a participé récemment à l’enregistrement de la Forza dell’amor paterno de Stradella avec Andrea De Carlo au Festival Stradella de Viterbe et Nepi.
Né en Corée du Sud, le contre-ténor Kangmin Justin Kim a grandi à Evanston, dans l’Illinois. Il étudie le chant, l’opéra et le théâtre musical au sein de la Northwestern University d’Evanston et de la Royal Academy of Music de Londres. Ses débuts lyriques en 2013 ont été rapidement suivis par des engagements sur les plus grandes scènes de la planète : Opéra-Comique, Châtelet, Festival de Salzbourg, Lincoln Center de New York, Philharmonies de Paris et de Berlin, Concertgebouw d’Amsterdam, Glyndebourne, Teatro San Carlo de Naples… Parmi ses récents engagements, on citera un Cherubino au Royal Opera House de Covent Garden, un Nerone de L’incoronazione di Poppea à la Staatsoper de Berlin, ainsi qu’un Ottone de Griselda et un Gilade de Farnace à La Fenice de Venise. Durant la saison 2022 / 23, on le verra camper Justin dans Hänsel und Gretel à l’Opéra de Dallas, Nerone à l’Opéra du Rhin, Amanzio d’Il Giustino de Vivaldi à Bâle et au Congertgebouw d’Amsterdam, Cleopatra de Marc’Antonio e Cleopatra de Hasse à Chicago et Hyacinthus dans Apollo et Hyacinthus de Mozart à La Fenice.
À l’Opéra de Lausanne : Rinaldo (2021).
Le contre-ténor américain Reginald Mobley s’affirme comme l’une des personnalités les plus marquantes de sa génération, aussi à l’aise dans le répertoire baroque que dans le classique et dans le moderne, dont il interprète les œuvres de part et d’autre de l’Atlantique. Aux Etats-Unis, où il réside, il est l’invité régulier d’ensembles baroques tels que Cantata Collective, Musica Angelica, Agave Baroque, Charlotte Bach Akademie, Seraphic Fire, Quodlibet, Pacific Music Works, Bach Collegium San Diego, San Francisco Early Music Society et Philharmonia Baroque Orchestra. En 2021 / 22, l’éclectisme de son répertoire l’a conduit à se produire avec le Chicago Symphony Orchestra (Messie de Haendel et Carmina Burana), Opera Lafayette, Blue Heron, Chatham Baroque, Washington Bach Consort, Atlanta Baroque Orchestra et Early Music Seattle. Cette année, il chantera le Messie avec le New York Philharmonic et le Pittsburgh Symphony, et fera ses débuts au Carnegie Hall pour un concert dirigé par Bernard Labadie ainsi qu’au Walt Disney Concert Hall de Los Angeles. Connu pour son engagement en faveur d’une diffusion large de la musique baroque, Reginald Mobley est invité à participer aux différentes actions initiées par Handel & Haydn Society et Apollo’s Fire. En Europe, il a travaillé avec l’orchestre OH ! (Orkiestra Historycsna) en Pologne, la Wiener Akademie en Autriche (Musikverein), le Royal Scottish National Orchestra, l’Academy of Ancient Music, le City of Birmingham Symphony Orchestra, le Monteverdi Choir and Orchestra sous la direction de John-Eliot Gardiner, le Freiburger Barockorchester, l’Internationale Bachakademie Stuttgart et Holland Baroque. Il a en outre campé le rôle d’Ottone dans L’incoronazione di Poppea au Grand Théâtre de Genève, au Müpa de Budapest et au Teatro di Vicenza, lors d’une tournée européenne avec le Budapest Festival Orchestra. Ses enregistrements ont été accueillis avec enthousiasme par la critique : « American Originals » avec l’ensemble américain Agave Baroque (Acis Productions) a été sélectionné pour un Grammy Award, après la nomination de « A Lad’s Love » avec le ténor Brian Giebler (Bridge).
Né à Rovigo, en Vénétie, Massimo Altieri obtient un diplôme de guitare classique en 2004 au Conservatoire de Bologne, tout en découvrant le chant au sein de plusieurs ensembles, parmi lesquels le Chœur philharmonique de Rovigo. À partir de 2007, il se spécialise dans la pratique vocale ancienne, collaborant avec de nombreux ensembles spécialisés comme Odhecaton, La Venexiana, Concerto Italiano ou L’Accademia Bizantina, prenant part à de nombreux enregistrements discographiques sous les labels Arcana, Alpha, Glossa et Archiv. Il entame en 2013 une collaboration fructueuse avec Diego Fasolis et son Coro della Radiotelevisione svizzera, qui lui permet de se produire dans un très vaste éventail de répertoires. Fort de son expérience madrigalesque, il est appelé par Walter Testolin a intégrer son ensemble RossoPorpora, avec plusieurs enregistrements à la clé dont, prochainement, le Sixième Livre de madrigaux de Monteverdi. Dans le registre médiéval, il est également membre de La Fonte Musica, ensemble dirigé par Michele Pasotti avec lequel il a pris part à l’enregistrement d’une anthologie de l’œuvre d’Antonio Zacara da Teramo multirécompensée, ainsi qu’à des Vêpres de Monteverdi sur la scène du Wiener Konzerthaus. On le verra prochainement en Premier Berger de l’Orfeo à Monte-Carlo avec les Musiciens du Prince et les marionnettes du Groupe Carlo Colla & Fils, ainsi que dans le Don Quichot de Vanni Moretto au sein de La Fonte Musica pour Opera2day, mariage intéressant entre musiques du XIIe siècle et d’aujourd’hui.
Diego Fasolis commence sa carrière comme organiste concertiste avant de se tourner vers la direction. Invité régulièrement au Festival de Salzbourg, il dirige la Neuvième Symphonie de Beethoven au Musikverein avec le Concentus Musicus de Vienne et le Chœur Arnold Schönberg. La Scala lui confie la création d’un orchestre jouant sur instruments d’époque qu’il dirige ensuite dans Il trionfo del Tempo e del Disinganno de Haendel. À Milan, il dirige également Tamerlano avec Plácido Domingo. Avec plus de 120 CDs publiés par de grandes maisons de disques internationales telles que EMI-Virgin, Naïve, Universal Music et Warner Classics, Diego Fasolis a reçu de nombreux prix pour son engagement dans la redécouverte du répertoire lyrique : le Disco d’Oro, le Grand Prix du Disque pour son travail sur Haendel et Vivaldi, et l’Echo Klassik pour l’opéra Artaserse de Leonardo Vinci. En 2014 et 2015, il a été nommé pour deux Grammy Awards pour le projet triomphal « Mission » avec des œuvres d’Agostino Steffani et le projet « Saint- Pétersbourg » avec Cecilia Bartoli. À l’occasion du 250e anniversaire de la disparition de Beethoven, il a enregistré pour Arte la Symphonie « Pastorale » de Beethoven avec I Barocchisti à Lugano. En 2019, Diego Fasolis a été nommé dans la catégorie « chef d’orchestre de l’année » aux International Opera Awards. Ses récents et futurs engagements incluent La Passion selon saint Jean de Bach à Stuttgart, Anna Bolena de Donizetti à Lugano, Reggio Emilia, Modène et Piacenza, ainsi que le Tamerlano de Vivaldi à La Fenice.
À l’Opéra de Lausanne : Faramondo (2009), Rinaldo (2011), Farnace (2011), L’Artaserse (2012), Dorilla in Tempe (2014), Die Zauberflöte (2015), Ariodante (2016), La clemenza di Tito (2018), Orphée et Eurydice (2019), Gli amori di Teolinda de Meyerbeer (2019), Alcina (2022), I Barocchisti (Il trionfo del Tempo e del Disinganno) (2023) et Norma (2023)
Lauréat du prestigieux prix Abbiati 2019, en tant que meilleur costumier pour la production de Orlando Furioso de Vivaldi dirigée par le maestro Diego Fasolis pour le Teatro alla Fenice de Venise. Giuseppe Palella a déjà une longue carrière pour les plus importantes maisons d’opéra italiennes et étrangères, spécialisée dans le répertoire baroque, qui a commencé en 2007 avec Alan Curtis dans l’action sacrée pour la musique du David à Florence. Ses études musicales en tant que chanteur d’opéra et celles d’art et de sculpture font de lui un créateur très original, bien que de ligne classique.