Avant d‘être le grand triomphateur que l‘on connaît de l‘opéra italien en Angleterre, Hændel passe plusieurs années sous le soleil de la péninsule, où il s‘imprègne de l‘art des maîtres transalpins et donne vie à plusieurs fresques sacrées – l‘opéra étant alors interdit dans la Ville éternelle. Son talent est tel que les éminences ecclésiastiques ferment volontiers les yeux sur les origines luthériennes du jeune Allemand du Nord. C‘est le cas notamment du cardinal Benedetto Pamphili, poète à ses heures, qui lui offre en 1707 le livret d‘Il Trionfo del Tempo e del Disinganno [Le Triomphe du Temps et de la Désillusion]. Premier oratorio romain à couler sous la plume de Hændel, il est créé dans le palais du cardinal Pietro Ottoboni, futur pape Alexandre VIII, et donne à entendre – presque à voir – les échanges passionnés entre quatre figures allégoriques. Celles-ci débattent de l‘attitude à adopter par la Beauté, qui oscille entre les avances «charnelles» du Plaisir et les mises en garde moralisatrices du Temps et de la Désillusion, ces derniers mettant en avant les mérites de la beauté de l‘âme pour qui choisit une vie d‘ascèse. Dans le sillage de leurs présentations pionnières sur la scène de la Scala, Diego Fasolis et ses Barocchisti nous présentent ici une lecture « originale » de ce chef-d‘œuvre plusieurs fois remanié par Hændel, mettant en valeur les registres masculins aigus que le chœur a la chance de posséder, dès lors qu‘à l‘époque les voix de femmes n‘étaient pas autorisées à résonner dans l‘enceinte des églises romaines.
Le contreténor coréen Kangmin Justin Kim fait ses études à Evanston ainsi qu’à Londres. Il se produit sur les principales scènes d’opéra comme au Staatsoper Berlin dans L’incoronazione di Poppea, à Covent Garden dans Le nozze di Figaro, au Theater an der Wien dans La clemenza di Tito, au Wiener Staatsoper dans Das verratene Meer d’Henze, à l’Opéra de Santa Fe dans M. Butterfly, une création de Huang Ruo, ainsi qu’au Théâtre du Châtelet, au Concertgebouw, à la Fenice de même qu’au Festival de Salzbourg. Il interprète les rôles d’Orlofsky (Die Fledermaus), Cesare (Catone in Utica de Vivaldi), Orfeo (Parnasso in festa), Barzane (Arsilda), le rôle-titre de Giulio Cesare, Nerone (L’incoronazione di Poppea), Speranza (L’Orfeo) ainsi qu’Oreste (La belle Hélène). En concert, il se produit dans Carmina Burana à Séoul et dans The Five Canticles de Britten au Teatro San Carlo.
Diego Fasolis commence sa carrière comme organiste concertiste avant de se tourner vers la direction. Invité régulièrement au Festival de Salzbourg, il dirige la Neuvième symphonie de Beethoven au Musikverein avec le Concentus Musicus de Vienne et le chœur Arnold Schönberg. Plus récemment, la Scala lui confie la création d’un orchestre jouant sur instruments d’époque qu’il dirige ensuite dans Il Trionfo del Tempo e del Disinganno de Hændel. En 2017, il y dirige également Tamerlano avec Plácido Domingo. Parmi ses récents ou futurs engagements: La finta giardiniera à la Scala et à Shanghai, L’incoronazione di Poppea à la Staatsoper de Berlin, La Sonnambula à la Deutsche Oper de Berlin, Agnese de Paër et Così fan tutte au Teatro Regio de Turin, Dorilla in Tempe à la Fenice, Il turco in Italia à la Scala, Lo sposo di tre, e marito di nessuna de Cherubini à l’Opéra de Florence, Farnace de Vivaldi au Théâtre Malibran à Venise, Alessandro de Hændel avec le Kammerorchester Basel à Göttingen, Paris et Bâle. En 2019, Diego Fasolis a été nommé dans la catégorie «chef d’orchestre de l’année» aux International Opera Awards.
À l’Opéra de Lausanne: Faramondo (2009), Rinaldo (2011), Farnace (2011), L’Artaserse (2012), Dorilla in Tempe (2014), Die Zauberflöte (2015), Ariodante (2016), La clemenza di Tito (2018), Orphée et Eurydice (2019) et Gli amori di Teolinda de Meyerbeer (2019) et Alcina (2022).