Comme ses contemporains, Gioacchino Rossini semble apprécier l’exotisme et les voyages, puisqu’après avoir conduit une Italienne à Alger en 1813 à la demande de Venise, voilà qu’il convie un… Turc en Italie à la faveur d’un opéra bouffe composé l’année suivante pour la Scala! Mais contrairement à ses premiers succès vénitiens (outre L’italiana in Algeri : Il signor Bruschino, La scala di seta et surtout Tancredi), les applaudissements ne sont pas au rendez-vous. Il faudra attendre près d’un siècle pour que l’Italie s’y intéresse à nouveau après d’ultimes représentations en 1855 : lors de retrouvailles mémorables à Rome en 1950, marquées par la Fiorilla d’une certaine… Maria Callas. Qu’à cela ne tienne! L’œuvre, qui comme le Così de Mozart (représenté peu avant la création sur la même scène milanaise) « danse sur le volcan » – au propre comme au figuré: le librettiste Felice Romani situe l’histoire près de Naples, au pied du Vésuve –, est aujourd’hui appréciée à sa juste valeur : comme l’une des pépites du « nouveau » style buffa, ouvrant la voie à des chefs-d’œuvre tels qu’Il barbiere di Siviglia, de la même manière que Tancredi débarrassé des longs récitatifs de la tradition seria annonce Cenerentola et Semiramide.
Première représentation le 14 août 1814 au Teatro alla Scala, Milan
Éditions G. Ricordi & Co. Bühnen – und Musikverlag GmbH, Berlin – révision Margaret Bent
Originaire de Galice, Luis Cansino a entamé sa formation musicale à Vigo. Il étudie le chant au Conservatoire royal supérieur de Madrid, où il reçoit un prix d’honneur et le prix spécial « Lucrecia Arana », avant de compléter sa formation auprès du ténor Pedro Lavirgen. En 1990, il remporte la première édition du Concours de chant « Francisco Alonso » organisé à Madrid. En 1993, il est désigné révélation lyrique par le magazine mexicain Proceso et nommé ambassadeur culturel pour la paix au Chiapas. Ses débuts à la scène remontent à 1987 avec l’Anthology Tribute to Maestro Alonso au théâtre Fernán Gómez de Madrid. Il collabore depuis avec les plus grands chefs (Marco Armiliato, James Conlon, Evelino Pidò, Vassily Petrenko…) et les meilleurs metteurs en scène (Laurent Pelly, Robert Carsen, Emilio Sagi, Giancarlo del Monaco…). Au cours de sa carrière, il s’est fait particulièrement remarquer pour ses interprétations dans Don Giovanni, Lucia di Lammermoor, Roberto Devereux, Il trovatore, Otello, Faust, Pagliacci, Cavalleria rusticana, Turandot, La bohème et El gato montés. Habitué à se produire durant les grandes saisons lyriques à travers le monde, il a dernièrement connu de grands succès dans des œuvres telles que La Fille du régiment, L’elisir d’amore, Viva la mamma !, La traviata, Les Vêpres siciliennes, La forza del destino, Aida, La Gioconda, Madama Butterfly, Tosca, La Wally, Adriana Lecouvreur, Marina et La Maison de Bernarda Alba, ainsi que dans les rôles principaux de Macbeth, Nabucco, Rigoletto, Simon Boccanegra et Falstaff. Premier baryton de la célèbre Anthology of Zarzuela de José Tamayo, c’est un interprète renommé dans le genre: il compte près de quarante titres à son actif. En première mondiale, il a enregistré Salmo de Carreño, The March of Victory de Muhammad, Cantata Asturiana de Ruíz et plusieurs œuvres du compositeur mexicain Álvarez del Toro. Il a participé aux reprises de Ezio de Hændel, Renard de Stravinski, The Magic Opal d’Albéniz, ainsi qu’à la première mondiale de l’opéra Fuenteovejuna de Muñíz.
Née en Géorgie en 1986, Salome Jicia se dédie d’abord au piano, avant de bifurquer vers le chant, qu’elle étudie dans son pays natal puis à l’Académie Sainte-Cécile de Rome. Lauréate de nombreux prix, on peut la voir dans des produc- tions à travers toute l’Europe : elle est Aspasia (Mitridate re di Ponto) à Tbilissi et Budapest, Rosina (La finta semplice) dans une production AsLiCo à Côme, Crémone et Pavie, la Contessa di Foleville (Il viaggio a Reims) à Pesaro, où elle apparaît également dans La donna del lago ; elle se produit dans Semiramide sur la scène du Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, dans le cadre du festival d’opéra d’Alejandro Granda à Lima, au Pérou, ainsi qu’à Koutaïssi, en Géorgie, où elle partage la scène avec José Carreras. Parmi ses projets, on citera un Don Giovanni à Liège et un Così fan tutte à Covent Garden. Elle prendra part prochainement à des productions de Guillaume Tell à Munich, Maria Stuarda à Zurich, Otello à Liège.
À l’Opéra de Lausanne : La Clemenza di Tito (2018), Norma (2021)
Né en 1993, Michele Spotti est directeur musical de l’Opéra de Marseille et de son orchestre philharmonique. Diplômé en violon puis en direction (dans la classe de Daniele Agiman) au Conservatoire « Giuseppe Verdi » de Milan, il a poursuivi sa forma- tion à la Haute école de musique de Genève, à la Gstaad Conducting Academy (avec Neeme Järvi et Guennadi Rojdestvenski) et en Italie auprès de Gianandrea Noseda, Gianluigi Gelmetti et Daniele Gatti. À l’âge de vingt ans, il fait ses débuts au Teatro Mancinelli d’Orvieto dans Le nozze di Figaro, puis est appelé en 2016 par Alberto Zedda pour l’assister sur une production d’Ermione de Rossini à l’Opéra de Lyon. Parmi ses engagements récents, on citera ses débuts avec l’Orchestre philharmonique de Tokyo et Juan Diego Flórez, de nouvelles productions de Don Carlos et Rigo- letto au Theater Basel, Guillaume Tell et Rigoletto au Festival Donizetti Opera, La Cenerentola à la Bayerische Staatsoper (dans la mise en scène his- torique de Jean-Pierre Ponnelle), La Belle Hélène à la Komische Oper de Berlin (production de Barrie Kosky), La traviata à Palerme avec Pretty Yende, Barbe-Bleue d’Offenbach à l’Opéra de Lyon (mis en scène par Laurent Pelly), la création mondiale de La cucina d’Andrew Synnott au Wexford Opera Festival, Don Pasquale à Montpellier et au Teatro Massimo de Palerme, ainsi que ses premiers pas au Théâtre des Champs-Élysées. Sa saison 2022/23 est marquée par plusieurs débuts : à la Staatsoper de Stuttgart dans une nouvelle production de L’elisir d’amore signée Anika Rutkofsky, à la Wiener Staatsoper avec La Fille du régiment mise en scène par Laurent Pelly et au Palau de les Arts de Valence à la faveur d’une nouvelle production d’Ernani.
Né à Oviedo, en Espagne, Emilio Sagi est titulaire d’un doctorat en philosophie et en lettres de l’université de sa ville natale. Il étudie également la musicologie à l’Université de Londres. En tant que metteur en scène, il fait ses débuts à Oviedo en 1980 avec La traviata. Dix ans plus tard, il est nommé directeur du Teatro de la Zarzuela, poste qu’il occupe jusqu’en décembre 1999. Dans ce théâtre, il fait ses débuts comme metteur en scène en 1982 avec Don Pasquale, suivi de plus de vingt productions d’opéra et de zarzuela. Il est directeur artistique du Teatro Real de Madrid de juin 2001 à août 2005 et du Teatro Arriaga de Bilbao de janvier 2008 à décembre 2015. Son expérience scénique va de la zarzuela baroque à l’opéra contemporain, qu’il exerce dans quelques-uns des plus grands théâtres et festivals de la planète : Scala de Milan, Châtelet, opéras de Rome, Düsseldorf, Los Angeles, Washington, San Francisco, Houston, Seattle, Philadelphie, Nice, Monte-Carlo, Teatro Colón de Buenos Aires, Capitole de Toulouse, Liceu de Bar- celon, Mariinsky de Saint-Pétersbourg, Volksoper et Theater an der Wien, Festival de Salzbourg, Festival Rossini de Pesaro, Festival de Savolinna… En juin 2006, il reçoit le prix Lírico Teatro Campoamor de la meilleure mise en scène pour sa production d’Il barbiere di Siviglia donnée en janvier 2005 au Teatro Real, en mai 2010 le prix du meilleur artiste espagnol du magazine Ópera Actual, ainsi que le prix de la critique musicale argentine du meilleur spectacle de l’année 2012 pour la mise en scène d’I due Figaro de Mercadante au Teatro Colón. En décembre 2020, le gouvernement espagnol lui décerne la médaille d’or des Beaux-Arts.
À l’Opéra de Lausanne : Giulio Cesare in Egitto (2008), Le Chat botté (2009), L’italiana in Algeri (2010), Tancredi (2015), Les mamelles de Tirésias (2016), Le Chanteur de Mexico (2017)
Né à Riva del Garda, en Italie, Giulio Mastrototaro s’est formé auprès de Vito Brunetti au Conserva- toire « Claudio Monteverdi » de Bolzano, dont il est sorti en 2002 avec les honneurs. Révélé lors du concours de l’AsLiCo et par sa prestation dans Pietro il Grande de Donizetti au Martina Franca Festival (immortalisé par Dynamic), il se produit depuis sur les plus grandes scènes : Scala de Milan, Opéra de Rome, San Carlo de Naples, Teatro del Maggio de Florence, Teatro Communale de Bologne, La Monnaie de Bruxelles, Theater an der Wien, Festival Rossini de Pesaro, Festival de Salzbourg, Bregenzer Festspiele… Sous la baguette de chefs tels que Rinaldo Alessandrini, Giovanni Antonini, Riccardo Chailly, Ottavio Dantone, Diego Faso- lis, Riccardo Muti, Vladimir Jurowski et Alberto Zedda, il embrasse un vaste répertoire allant de Paisiello et Mozart à Puccini et Giordano. Après son ouverture de saison 2019/20 dans Tosca, le public de La Scala a pu l’entendre récemment dans Il turco in Italia, L’italiana in Algeri et L’elisir d’amore ; il apparaîtra prochainement dans Andrea Chénier de Giordano sous la direction de Marco Armilliato. Parmi ses projets pour 2023 : un Turco in Italia à Martina Franca, un Barbiere di Siviglia à Tokyo et des Nozze di Figaro au Teatro Filharmonico.
Ténor argentin, Francisco Brito fait ses débuts à Pesaro sous la baguette d’Alberto Zedda et s’affirme surtout comme chanteur rossinien. Il chante L’italiana in Algeri à Piacenza, Modène, Trieste, Venise, Vérone et Madrid, ll viaggio a Reims à Zurich, Mascate et Pesaro, Zelmira, Il signor Bruschino et La donna del lago à Pesaro et Venise, Il barbiere di Siviglia à Wiesbaden, Erl, Venise, Palma de Mallorca et Vérone, La scala di seta à Mannheim et Venise, La gazza ladra à Francfort et Bari, La Cenerentola à Dresde, Palerme, Bonn et Francfort, Otello à Naples, Matilde di Shabran au Festival Rossini de Wildbad, Le Comte Ory à Toulon. Il complète son répertoire avec Don Pasquale à Darmstadt, Francfort et Moscou, Falstaff à Francfort, Ariodante à Dublin, I puritani à Stuttgart, Così fan tutte à Dubaï, Carmina Burana à Bari, La Juive à Constance, Il castello di Kenilworth et Pietro il Grande au Festival Donizetti de Bergame.
À l‘Opéra de Lausanne : Semiramide (2022).
Né en Russie, Mikhail Timoshenko débute sa formation musicale et théâtrale à Mednogorsk, puis se perfectionne à la Hochschule Franz Liszt de Weimar et la Hochschule Hanns Eisler de Berlin sous la direction de Michail Lanskoi. De 2015 à 2017, il est membre de l’Académie de l’Opéra de Paris. En 2017, il remporte le grand prix international Maria Callas à Athènes. En 2018, en duo avec la pianiste Elitsa Desseva, il décroche le 1er prix au concours international de musique de chambre « Franz Schubert et la musique moderne » à Graz, ainsi que le 1er prix au concours international de l’Académie Hugo Wolf à Stuttgart. Il se voit également décerner le 1er prix du Wigmore Hall Independant Song Competition à Londres. Parmi les temps forts de ses premières saisons, citons la création mondiale de l’opéra de chambre En Silence d’Alexandre Desplat au Luxembourg et à Paris (Bouffes du Nord), Masetto dans Don Giovanni à l’Opéra de Paris et à Düsseldorf, Figaro dans Le nozze di Figaro à l’Opéra national de Lorraine, Ottokar dans le Freischütz au Konzerthaus de Berlin, la Messe en ut de Mozart au Festival de Salzburg, Albert (Werther) à Tours, Marcello (La bohème) à Toulouse, Papageno (Die Zauberflöte) à Montpellier, Golgotha de Frank Martin à Linz. Parmi ses projets: Leporello (Don Giovanni) au Festival de Glyndebourne, Chtchelkalov (Boris Godounov) à Toulouse et au Théâtre des Champs-Élysées, Marcello à Covent Garden et Le Tribut de Zamora de Gounod à Saint-Etienne.
À l’Opéra de Lausanne: Werther (2022).
Le Chœur de l’Opéra de Lausanne est un chœur jeune, constitué d’étudiants en classes de chant de la Haute école de musique de Lausanne et de la Haute école de musique de Genève d’une part, et de chanteurs professionnels, d’autre part. Ses membres sont choisis sur audition et périodiquement réentendus. Ils sont distribués pour chaque opéra en fonction de leur voix et/ou de leurs aptitudes. Grâce à leur talent scénique, notamment, soutenu par un enthousiasme communicatif, ils sont fortement appréciés de tous les metteurs en scène invités. Il bénéficie depuis quelques années d’une préparation par plusieurs chefs de chœur expérimentés venant d’horizons différents, sélectionnés en fonction des ouvrages interprétés et de leur spécificité.
Fondateur du Chœur Costanzo Porta et de l’École de musique et de chant choral du même nom, Antonio Greco a dirigé l’Orchesta Internazionale d’Italia, l’OIDI Festival Baroque Ensemble, l’Orchestra della Magna Grecia et le Chœur Slovaque de Bratislava dans des œuvres italiennes baroques comme Il novello Giasone de Cavalli et Stradella, La lotta d’Ercole con Acheloo d’Agostino Steffani et, récemment, L’incoronazione di Poppea. Il a également dirigé le chœur du Circuito Lirico Lombardo de 2006 à 2015 et a été invité par Diego Fasolis à travailler avec le Chœur de la RSI.
En 2017, il prend part à une tournée mondiale de la trilogie monteverdienne avec l’English Baroque Soloists et le Chœur Monteverdi, à la demande de Sir John Eliot Gardiner dont il fut déjà l’assistant en 2015 et 2016.
En projet : une tournée des cantates de Bach avec Sir John Eliot Gardiner et l’EBS, la direction d’un oratoire de Giovanni Paolo Colonna au Festival della Valle d’Itria.
À l’Opéra de Lausanne : Tancredi (2015), L’Orfeo (2016), La Sonnambula (2018).
Formé à l’École supérieure des Beaux-Arts «Ernesto de la Cárcova » de Buenos Aires, Daniel Bianco s’installe en Espagne en 1984, où il combine son travail de scénographe avec les tâches de direction technique et de production au Centre dramatique national, à la Compagnie nationale de théâtre classique et au Teatro Real. En 2008, il est nommé directeur artistique adjoint du Teatro Arriaga de Bilbao et depuis 2015, il est directeur du Teatro de la Zarzuela. En tant que scénographe, sa vaste activité l’a amené à participer à de nombreuses productions d’opéra, de zarzuela, de ballet et de théâtre en prose créées dans des théâtres et des festivals en Espagne, en Europe et en Amérique. Avec le metteur en scène Emilio Sagi, il entretient une étroite collaboration qui a commencé avec Le Chanteur de Mexico au Théâtre du Châtelet et La generala au même Châtelet – où ils créent également The Sound of Music – ainsi qu’au Teatro de la Zarzuela. Ils présentent Il pirata à la Scala de Milan, Carmen au Teatro Colón de Buenos Aires, à l’Opéra de Rome et à l’Opéra de Santiago du Chili, Die Feen de Wagner à Paris, I puritani et Linda di Chamounix au Liceu de Barcelone et I due Figaro de Mercadante au Festival de Ravenne, au Festival de Pentecôte de Salzbourg et au Teatro Real. Daniel Bianco conçoit également les décors des Nozze di Figaro, d’Il viaggio a Reims, d’Il mondo della luna, de Tancredi et d’Attila pour l’Opéra de Monte-Carlo. Depuis son arrivée au Teatro de la Zarzuela, son dévouement et son engagement se sont concentrés sur la récupération, la préservation, la révision et la diffusion du patrimoine lyrique espagnol, en particulier celui de la zarzuela.
À l’Opéra de Lausanne : Tosca (2013), Tancredi (2015), Le Chanteur de Mexico (2017)